Moulin à papier, puis maison, Boisset (Saint-Brieu
Il s'agit d'un petit bâtiment très remanié comportant un rez-de-chaussée, un étage carré et un comble à surcroît. Il est bâti en moellon de grès et ses chaînages d'angle sont en granite grossièrement taillé. Ses ouvertures, récentes, ont un encadrement en bois et son pignon porte sur sa partie supérieure un essentage de planches. Sa façade postérieure est entièrement enduite de béton. A la base du mur de sa façade antérieure le passage d'eau existe toujours. Derrière le bâtiment, les coursiers en granite et un déversoir sont encore visibles.Ce moulin situé sur le Gouët est qualifié de "moulin à papier" en 1729. On le retrouve sous d'autres dénominations : Moulin Gélineau, Moulin du Pont du Gouët.C’est la famille Gélineau qui, au XVIIIème siècle, loue ce moulin au comte de l’Isle puis au comte de Maillé. En 1776, avec une roue, une cuve et quatre piles à maillets, le moulin à papier du Pont du Gouët produit chaque année 3 880 rames de papier grand raisin et grand cornet pour l’écriture et l’emballage. L’essentiel de cette fabrication est expédiée à Rennes et Nantes. C’est, suivant la citation relevée par Y,B, Kemener, le plus gros producteur de tous les moulins à papier recensés à cette date en Bretagne. En janvier 1801, l’architecte Chancerel réalise un plan pour la construction d'un nouveau moulin à papier par Jean-Louis Simon Gélineau qui a pris les rênes de l'entreprise. Cette nouvelle fabrique est sur la rivière de Gouët, à environ 150 mètres de l'ancien moulin. Ce plan reçoit l'approbation du préfet des Côtes-du-Nord. L'état de 1808 des individus occupés dans les fabriques et manufactures de Saint Brieuc indique que la fabrique de papier de Jean Louis Simon Gélineau emploie 10 ouvriers. En 1811, c’est la seule papeterie fonctionnant à Saint-Brieuc. En 1812, ce sont 24 ouvriers et ouvrières qui y travaillent : 6 ouvriers de cuves, 2 gouverneurs, un maître de salle, 5 salerentes, 6 chiffonniers et 4 apprentis. Avec 70 tonnes de chiffons collectés dans le pays environnant, il est fabriqué environ 2 000 rames de papier depuis le petit raisin jusqu’au lombard. Quatre pâtes différentes y sont utilisées pour la fabrication de ces papiers. Il y est aussi réalisé 3 000 kg de carton par an servant à la reliure. En 1816, 15 ouvriers fabriquent pour une valeur de 40 000 francs de papier.En 1829, il y est encore produit 1 900 rames de papier, à partir de 95 tonnes de drilles de première qualité qui sont défibrées à l’aide d’un cylindre à la hollandaise. 14 ouvriers y travaillent 290 journées dans l’année pour 1 fr.10 par jour. Le recensement de 1836 nous indique que le nouveau gestionnaire de la fabrique est Jean Louis Victor.Après 1846, Le moulin à papier semble cesser son activité mais appartient toujours à Jean Louis Victor Gélineau. Nous y trouvons cependant en 1856 et en 1866, François Blain, papetier, sans qu'il soit possible de savoir si l'activité y a ou non repris, même de façon modeste.Au XXème siècle, le bâtiment devient « La Teinturerie Moderne ». L'activité première se maintient dans la mémoire locale. En effet, la rue qui traverse les bâtiments subsistants de l'ancien moulin-papeterie se nomme aujourd'hui « Rue du Moulin à papier».Au fil du Queffleuth et de la Penzé – enquête thématique régionale « les moulins à papier et papeteries industrielles de Bretagne » 2014-2015
Auteur(s) du descriptif : Cucarull Jérôme ; Leroy-Déniel Caroline
Par : L'inventaire du patrimoine