Caserne à l'épreuve, fort central (Hoedic)
La caserne du fort d'Hoedic est construite d'après les plans-types de caserne voûtée à l'épreuve établis par le Comité des fortifications en 1843 et 1845 d'après les propositions du capitaine Belmas. Conformément à une pratique courante des années 1830-1870, elle est disposée à cheval sur la courtine de gorge du fort, et isolée de celui-ci par un fossé. Elle tient ainsi le rôle de réduit de l'ouvrage. C'est un bâtiment organisé sur trois niveaux plus la terrasse crénelée, et cinq travées voûtées principales contrebutées par deux séries de trois locaux voûtés transversaux à chaque extrémité. Sa contenance est d'environ 250 hommes et six mois de vivres. La caserne est traversée par le passage d'entrée du fort, qui occupe la travée centrale du deuxième étage. La porte est précédée d'un pont-levis prolongeant le pont dormant franchissant le fossé. Des éléments du mécanisme de ce pont-levis de type Poncelet sont toujours actuellement en place. Une passerelle permet de passer de la caserne à la cour du fort. Les locaux du sous-sol sont surtout dédiés à la logistique alimentaire : magasins aux vivres, boulangerie, cuisine, cantine. La citerne alimentée par le recueil des eaux pluviales en terrasse occupe la travée centrale. Les salles de police sont également au sous-sol, ainsi que le magasin d'artillerie et une forge. Des latrines à fosses, séparées pour les officiers et la troupe, sont aménagées sous une voûte dans la contrescarpe de la partie nord du fossé de la caserne. La communication entre le fond du fossé de la caserne et le terre-plein de la cour du fort s'effectue au moyen de deux escaliers droits. Les casemates du rez-de-chaussée et de l'étage sont affectées au casernement et ses dépendances (corps de garde, logement du concierge, infirmerie). La troupe loge dans des chambrées occupant une travée entière ou une demi-travée. Les sous-officiers et les officiers disposent de chambres aménagées dans les locaux des extrémités. Le commandant du fort dispose d'une demi-travée. Certains locaux ont été adaptés à leur destination actuelle. Des vestiges des installations liées au casernement sont ponctuellement présents : conduits de poêles, pitons de planches à bagages. La distribution s'organise selon le plan-type en corridors longitudinaux faisant communiquer les travées entre elles via des portes percées dans les piédroits des voûtes. Deux escaliers occupant l'espace central des locaux des pignons desservent les trois niveaux voûtés. Un grand escalier double dessert également le premier étage depuis le passage d'entrée au deuxième étage. L'accès à la terrasse se fait au moyen de deux escaliers courant dans l'épaisseur des voûtes. La terrasse était rendue défensive au moyen d'un parapet percé de créneaux pour le tir au fusil et d'embrasures pour pièces d'artillerie légère surmontant la façade ouest. Ce parapet a été victime des prélèvements de pierres opérés sur la caserne et n'existe plus. Une caserne de gorge à l'épreuve issue du plan-type de 1843-1845 est présente dans les projets du fort d'Hoedic dès ceux de 1846 pour 1847, présentés suivant les préconisations du Comité des fortifications dans son avis du 29 avril 1846. Initialement prévue à sept travées, elle est réduite à cinq travées par l'avis du Comité du 8 juillet 1847 qui arrête le tracé définitif du fort. La caserne est construite en même temps que l'enceinte du fort, de 1847 à 1854. Fin 1850, il reste à construire les voûtes supérieures et la terrasse. Après l'abandon du fort en 1875, la caserne abrite un temps l'école publique de l'île. Comme le reste du fort, elle sert aussi de carrière de pierres de taille. Elle accueille actuellement un gîte d'étape, les locaux d'un club nautique et des salles d'exposition. Sa restauration est prévue (2017).
Auteur(s) du descriptif : Jadé Patrick ; Duigou Lionel
Par : L'inventaire du patrimoine