Couvent du Père Eternel, puis Maison de la Charité
Edifié sur une parcelle d'angle, le couvent se développe autour de trois cours selon un plan complexe qui révèle son hétérogénéité. Au sud du couvent, l'enclos abrite à l'ouest, la chapelle funéraire et à proximité la fontaine, au sud, des bâtiments agricoles et tout au sud, le cimetière des religieuses.Fondé par Jeanne de Quelen demeurant à Rennes, le couvent est affilié à l'origine au tiers ordre des Carmes, puis à la règle de saint Augustin. Jeanne de Quelen établit sa fondation dans une grande maison, qu'elle acquiert en deux fois, en 1668 et 1669, auprès de François Le Meilleur et de la famille Bigaré-Fruneau. Une description des bâtiments acquis est fournie par le procès-verbal des réparations à faire que Jeanne de Quelen fait dresser en 1670 avec l'architecte et les entrepreneurs de l'époque : de ces maisons remontant au 16e siècle, subsistent au moins deux cheminées et des portes et fenêtres (dont la fenêtre du 1er étage sur le port), intégrées au volume du couvent. En 1671, on sait encore grâce aux archives qu'elle passe marché avec l'architecte François Cosnier pour réaliser une partie de muraille et une porte cochère 'de 7 pieds et demi de large et de hauteur 10 pieds laquelle porte savoir jambages et voultes seront de pierre de taille pozés à chaux et sable ..' : peut-être est-ce le mur bordant le début de la rue Mme Molé. On peut penser que c'est lui qui réalise l'aile nord du bâtiment conventuel, conservée, et la chapelle d'origine, plafonnée et dotée d'un étage au 20e siècle. Sur le plan du port réalisé par Delourme au 18e siècle, l'emprise du couvent est limitée. La fontaine adossée au mur d'enclos le long de la rue Molé qui figure sur le plan cadastral de 1844 date du 18e siècle.Pendant la Révolution, le couvent est vendu à titre de bien national au sieur Becheu, administrateur du district, qui le revend en 1802 à Madame Molé de Champlatreux venue à Vannes sur la demande de Mgr de Pancemont ; elle y fonde l'Ordre de la Charité de Saint-Louis qui instruisait les enfants pauvres et assurait ensuite leur placement : au milieu du 19e siècle, le couvent est signalé comme un établissement industriel : on y fabrique des toiles, de la dentelle, on y file le coton et la soie provenant de la magnanerie du comte de Francheville (Sarzeau, Truscat). Le couvent appartient aujourd'hui encore à l'Ordre de la Charité de Saint-Louis.Il ne semble pas que Madame Molé ait fait des travaux car les bâtiments conservés datent pour la plupart de la fin du 19e siècle : sur l'aile nord se greffe un grand pavillon vers l'ouest dans la 2e moitié du 19e siècle (vers 1870). Puis intervient une très grande campagne de construction avant 1888, car une partie des bâtiments figurent sur le plan d'alignement de 1888 de l'avenue de Lattre : elle concerne l'édification de la nouvelle chapelle, le doublement et l'extension sur l'avenue de Lattre de la maison de Jeanne de Quelen, entièrement "rhabillée", la maison du chapelain, ainsi que la grande aile nord sud se greffant sur le pavillon de la 2e moitié du 19e siècle, qui remplace des bâtiments et le lavoir ou vivier figurant sur le plan de 1844. Le Méné date la chapelle de 1877 et l'attribue à Charier : c'est donc sans doute à cet architecte (sans doute Marius) qu'il faut attribuer le reste des édifices. Enfin une nouvelle aile est construite perpendiculairement à cette dernière, en retour vers la chapelle, sans doute après 1900. Après la première Guerre mondiale, une clinique est créée en 1926 sur l'avenue de Lattre, à la place de 'l'aile des pensionnaires' figurant sur le plan d'alignement de 1888 : celle-ci est reconstruite et aggrandie vers le sud, avec une avancée en bow-window pour les salles d'opération, rejoignant la maison du chapelain. L'activité de la clinique dura jusqu'à son transfert au château de Limoges en 1966.Une chapelle oratoire figurant sur le plan cadastral de 1844 le long de la rue Molé, sans doute la chapelle funéraire de Mme Molé, a été réédifiée à la fin du 19e siècle. La ferme figurant sur le plan cadastral de 1844 a été détruite pour faire place à un séchoir pour la clinique, vers 1920. La grange au sud est sans doute contemporaine. La fontaine et son bassin sont contemporains du premier couvent, fin 17e ou début 18e siècle. Quant au tunnel permettant aux troupeaux d'accéder aux champs de la communauté de l'autre côté de la rue Madame Molé, il porte la date de 1888.Le mur est bordant l'enclos au sud du couvent a été modifié selon le plan d'alignement de 1888, en intégrant en partie l'ancienne corderie Nadan.
Auteur(s) du descriptif : Herbaut Claudie ; Toscer Catherine ; Lainé Claire ; Danielo Julien
Par : L'inventaire du patrimoine